Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/64

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tronçon d’arbre afin de disposer un piége pour prendre le tigre ou sa femelle. Du côté de l’ouverture, la caverne était presque à pic. Le prince y monte avec agilité afin de disposer le piège, avec l’autre noir ; tout à coup, un rugissement effroyable retentit ; en quelques bonds la femelle, revenant de curée, atteint l’ouverture de la tanière. Le noir qui tendait le piége avec le prince a le crâne ouvert d’un coup de dent, l’arbre tombe en travers de l’étroite entrée du repaire, empêche la femelle d’y pénétrer, et barre en même temps le passage au noir qui accourait avec les petits tigres…

« Au-dessus, à vingt pieds environ, sur une plate-forme de roches, le prince, couché à plat ventre, considérait cet affreux spectacle. La tigresse, rendue furieuse par les cris de ses petits, dévorait les mains du noir, qui, de l’intérieur du repaire, tâchait de maintenir le tronc d’arbre, son seul rempart, et poussait des cris lamentables. »


— C’est horrible ! dit le comte.

— Oh ! continuez… continuez…, s’écria Adrienne avec exaltation ; vous allez voir ce que peut l’héroïsme de la bonté.

Le comte poursuivit :


« Tout à coup, le prince met son poignard