Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/65

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entre ses dents, attache sa ceinture à un bloc de roc, prend la hache d’une main, de l’autre se laisse glisser le long de ce cordage improvisé, tombe à quelques pas de la bête féroce, bondit jusqu’à elle, et, rapide comme l’éclair, lui porte coup sur coup deux atteintes mortelles, au moment où le noir, perdant ses forces, abandonnant le tronc d’arbre, allait être mis en pièces. »


— Et vous vous étonniez de sa ressemblance avec ce demi-dieu, à qui la fable même ne prête pas un dévouement aussi généreux ! s’écria la jeune fille avec une exaltation croissante.

— Je ne m’étonne plus, j’admire, dit le comte d’une voix émue, et, à ces deux nobles traits, mon cœur bat d’enthousiasme comme si j’avais vingt ans.

— Et le noble cœur de ce voyageur a battu comme le vôtre à ce récit, dit Adrienne ; vous allez le voir.


« … Ce qui rend admirable l’intrépidité du prince, c’est que, selon les principes des castes indiennes, la vie d’un esclave n’a aucune importance ; aussi un fils de roi, en risquant sa vie pour le salut d’une pauvre créature si in-