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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/67

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adoration pour lui ; car ce courage, cette héroïque bonté, je l’avais devinée, lors d’un entretien surpris malgré moi, avant de me montrer à lui… De ce jour, je le savais aussi généreux qu’intrépide, aussi tendre, aussi sensible qu’énergique et résolu ;… mais lorsque je le vis si merveilleusement beau… et si différent, par le noble caractère de sa physionomie, par ses vêtements même, de tout ce que j’avais rencontré jusqu’alors… quand je vis l’impression que je lui causai… et que j’éprouvai, plus violente encore peut-être… je sentis ma vie attachée à cet amour.

— Et maintenant vos projets ?

— Divins, radieux comme mon cœur… En apprenant son bonheur, je veux que Djalma éprouve ce même éblouissement dont je suis frappée et qui ne me permet pas encore de regarder… mon soleil en face… car, je vous le répète… d’ici à demain j’ai un siècle à vivre. Oui, chose étrange ! j’aurais cru, après une telle révélation, sentir le besoin de rester seule plongée dans cet océan de pensées enivrantes. Eh bien ! non, d’ici à demain, je redoute la solitude… J’éprouve je ne sais quelle impatience fébrile… inquiète… ardente… Oh ! bénie serait la fée qui, me touchant de sa baguette, m’endormirait à cette heure jusqu’à demain.