Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/80

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dame de Saint-Dizier porte à mademoiselle de Cardoville ?

Adrienne avait écouté la discussion précédente avec une attention profonde.

Tout à coup, elle tressaillit comme éclairée par une révélation soudaine.

Après un moment de silence, elle dit à Rodin, sans amertume, sans colère, mais avec un calme rempli de douceur et de sérénité :

— On dit, monsieur, que l’amour heureux fait des prodiges… Je serais tentée de le croire, car, après quelques minutes de réflexion, et en me rappelant certaines circonstances, voici que votre conduite m’apparaît sous un jour tout nouveau.

— Quelle serait donc cette nouvelle perspective, ma chère demoiselle ?

— Pour que vous soyez à mon point de vue, monsieur, permettez-moi d’insister sur quelques faits : la Mayeux m’était généreusement dévouée ; elle m’avait donné des preuves irrécusables d’attachement ; son esprit valait son noble cœur ;… mais elle ressentait pour vous un éloignement invincible… Tout à coup elle disparaît mystérieusement de chez moi… et il n’a pas tenu à vous que j’aie sur elle d’odieux soupçons. M. de Montbron a pour moi une affection paternelle, mais, je dois