Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/86

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votre esprit… s’abaisser à de telles machinations… et après avoir fait jouer tant de ressorts diaboliques, n’arriver enfin qu’au ridicule ;… car il n’est rien de plus ridicule, pour un homme comme vous, que d’être vaincu par une jeune fille qui n’a pour arme, pour défense, pour lumières… que son amour ?… En un mot, monsieur, je vous regarde dès aujourd’hui comme un ennemi implacable et dangereux ; car j’entrevois votre but sans deviner par quels moyens vous voulez l’atteindre ; sans doute ces moyens seront dignes du passé ; eh bien ! malgré tout cela, je ne vous crains pas ; dès demain, ma famille sera instruite de tout, et une union active, intelligente, résolue, nous tiendra bien en garde, car il s’agit nécessairement de cet énorme héritage qu’on a déjà failli nous ravir. Maintenant, quels rapports peut-il y avoir entre les griefs que je vous reproche, et la fin toute pécuniaire que l’on se propose ?… Je l’ignore absolument… mais vous me l’avez dit vous-même, mes ennemis sont si dangereusement habiles, leurs ruses toujours si détournées, qu’il faut s’attendre à tout, prévoir tout ; je me souviendrai de la leçon… Je vous ai promis de la franchise, monsieur ; en voilà, je suppose.

— Cela serait du moins imprudent… comme la franchise, si j’étais votre ennemi, dit Rodin,