Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/143

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traite, faite çà et là, au milieu des agitations mondaines qui l’absorbent et l’empêchent d’arriver à l’oreille du Seigneur… Non… non… au plus profond même de sa solitude, il cherche encore à rendre sa prière plus efficace, tant il désire ardemment le salut éternel de cette maîtresse d’au delà du tombeau !

— Que fait-il encore ?… oh ! que fait-il donc encore dans sa solitude ? s’écria M. Hardy, dès lors livré sans défense à l’obsession du jésuite.

— D’abord, dit Rodin en accentuant lentement ses paroles, il se fait… religieux…

— Religieux !… répéta M. Hardy d’un air pensif.

— Oui, reprit Rodin, il se fait religieux, parce qu’ainsi sa prière est bien plus favorablement accueillie du ciel ;… et puis… comme au milieu de la plus profonde solitude sa pensée est encore quelquefois distraite par la matière, il jeûne, il se mortifie, il dompte, il macère tout ce qu’il y a de charnel en lui, afin de devenir tout esprit, et que la prière sorte de son sein, brillante, pure comme une flamme, et monte vers le Seigneur ainsi que le parfum de l’encens…

— Oh !… quel rêve enivrant ! s’écria M. Hardy, de plus en plus sous le charme, afin de prier