Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/155

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anxiété d’autant plus funeste, que l’un des deux seuls partis qu’il eût à prendre était formellement flétri par son père, dans le jugement duquel il avait la foi la plus absolue, la plus méritée.

En un mot, son esprit se torturait à deviner si son père avait eu la pensée de lui conseiller au nom de l’honneur et du devoir de ne pas quitter ses filles, et de renoncer à une entreprise trop hasardeuse ; ou s’il avait, au contraire, voulu lui conseiller de ne pas hésiter à abandonner ses enfants pendant quelque temps, afin d’accomplir le serment fait à l’empereur, et d’essayer au moins d’arracher Napoléon II à une captivité mortelle !

Cette perplexité, rendue plus cruelle par certaines circonstances que l’on dira plus tard, la profonde douleur causée au maréchal Simon par la fin tragique de son père mort entre ses bras, le souvenir incessant et douloureux de sa femme morte sur une terre d’exil, enfin le chagrin dont il était chaque jour affecté en voyant la tristesse croissante de Rose et de Blanche, avaient porté des coups douloureux au maréchal Simon ; disons enfin que, malgré son intrépidité naturelle, si vaillamment éprouvée par vingt ans de guerre, les ravages du choléra, de cette maladie terrible, dont sa