Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/176

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ville sur notre escalade du couvent, il m’a dit que l’on rencontrait des obstacles à chaque instant, faute de preuves matérielles, et que ces prêtres avaient si bien pris leurs mesures que la plainte n’aboutirait peut-être pas.

— C’est ce que croit aussi le maréchal… mon enfant, et son irritation contre une telle injustice augmente encore.

— Il devrait mépriser ces misérables.

— Et les lettres anonymes ?

— Comment cela, mon père ?

— Apprends donc tout ; brave et loyal comme l’est le maréchal, son premier mouvement d’indignation passé, il a reconnu qu’insulter le renégat depuis que ce lâche s’était déguisé en prêtre, ce serait comme s’il insultait une femme ou un vieillard ; il a donc méprisé, oublié autant de fois qu’il l’a pu ; mais alors, presque chaque jour, par la poste sont venues des lettres anonymes, et dans ces lettres on tâchait par tous les moyens possibles de réveiller, d’exciter la colère du maréchal contre le renégat, en rappelant tout le mal que l’abbé d’Aigrigny lui avait fait, à lui ou aux siens. Enfin on reprochait au maréchal d’être assez lâche pour ne pas tirer vengeance de ce prêtre, le persécuteur de sa femme et de ses enfants, qui, chaque jour, se raillait insolemment de lui.