Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/177

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— Et ces lettres… de qui les soupçonnes-tu, mon père ?

— Je n’en sais rien… c’est à en devenir fou… Elles viennent sans doute des ennemis du maréchal, et il n’a d’ennemis que ces robes noires.

— Puis, mon père, ces lettres excitant la colère du maréchal contre l’abbé d’Aigrigny, elles ne peuvent être écrites par ces prêtres.

— C’est ce que je me suis dit…

— Mais quel peut donc être le but de ces anonymes ?

— Le but ? mais il n’est que trop clair ! s’écria Dagobert ; le maréchal est vif, ardent, il a mille fois raison de vouloir se venger du renégat. Mais il ne veut pas se faire justice lui-même, et l’autre justice lui manque ;… alors il prend sur lui, il tâche d’oublier, il oublie. Mais voilà que, chaque jour, des lettres insolemment provocantes viennent ranimer, exaspérer cette haine si légitime, par des moqueries, par des injures… Mille tonnerres !… je n’ai pas la tête plus faible qu’un autre… mais, à ce jeu-là, je deviendrais fou…

— Ah ! mon père, cette combinaison serait horrible et digne de l’enfer.

— Et ce n’est pas tout.

— Que dites-vous ?

— Le maréchal a encore reçu d’autres let-