Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/182

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les pauvres petites sont désolées, car alors ces deux anges se figurent avoir donné à leur père quelque sujet de mécontentement, et alors leur tristesse redouble… Elles… le mécontenter !… si tu savais leur vie… chères enfants… une promenade à pied ou en voiture avec moi et leur gouvernante, car je ne les laisse jamais aller seules ; et puis elles rentrent et se mettent à étudier, à lire ou à broder, toujours ensemble… et puis elles se couchent ; leur gouvernante, qui est, je crois, une digne femme, m’a dit que quelquefois, la nuit, elle les avait vues pleurer en dormant ; pauvres enfants, jusqu’ici elles n’ont guère connu le bonheur ! dit le soldat avec un soupir.

À ce moment, entendant marcher précipitamment dans la cour, Dagobert leva les yeux et vit le maréchal Simon, la figure pâle, l’air égaré, tenant de ses deux mains une lettre qu’il semblait lire avec une anxiété dévorante.