Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/188

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— C’est vrai. L’ange Gabriel s’est penché vers nous en nous regardant d’un air doux et triste, en nous disant : « Venez, mes enfants… venez, mes sœurs ; votre mère vous attend… Pauvres enfants venues de si loin, a-t-il ajouté de sa voix pleine de tendresse, vous aurez traversé cette terre, innocentes et douces comme deux colombes, pour aller vous reposer à jamais dans le nid maternel… »

— Oui… ce sont bien les paroles de l’archange, dit l’autre orpheline d’un air pensif ; nous n’avons fait de mal à personne, nous avons aimé ceux qui nous ont aimées… pourquoi craindre de mourir ?

— Aussi, ma sœur, nous avons plutôt souri que pleuré, lorsque, nous prenant par la main, il a déployé ses belles ailes blanches, et nous a emmenées avec lui dans le bleu du ciel…

— Au ciel, où notre bonne mère nous tendait les bras… la figure toute baignée de larmes.

— Oh ! vois-tu, ma sœur, on n’a pas des rêves comme cela pour rien… Et puis, ajouta-t-elle en regardant Rose avec un sourire navrant et d’un air d’intelligence, cela ferait peut-être cesser un grand chagrin dont nous sommes cause… tu sais…

— Hélas ! mon Dieu ! ce n’est pas notre faute : nous l’aimons tant… Mais nous sommes devant