Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dagobert le regarda sans le comprendre.

Le maréchal continua :

— Et cette lettre infâme, savez-vous qui l’a remise entre mes mains ? car on dirait que le démon s’en mêle ; c’est votre chien.

— Rabat-Joie ?… dit Dagobert au comble de la surprise.

— Oui, reprit amèrement le maréchal, c’est sans doute une plaisanterie de votre invention ?…

— Je n’ai guère le cœur à la plaisanterie, mon général, reprit Dagobert de plus en plus attristé de l’état d’irritation où il voyait le maréchal, je ne m’explique pas comment ceci sera arrivé ;… Rabat-Joie rapporte très-bien, il aura sans doute trouvé la lettre dans la maison, et alors…

— Et cette lettre, qui l’avait laissée ici ? Je suis donc entouré de traîtres ? Vous ne surveillez donc rien, vous en qui j’ai toute confiance ?

— Mon général… écoutez-moi…

Mais le maréchal reprit sans vouloir l’entendre :

— Comment, mordieu ! j’ai fait vingt-cinq ans de guerre, j’ai tenu tête à des armées, j’ai victorieusement lutté contre les plus mauvais temps de l’exil et de la proscription, j’ai résisté à des coups de massue… et je serais tué à coups