Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/201

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d’épingles ? Comment ! poursuivi jusque chez moi, je serai impunément harcelé, obsédé, torturé à chaque instant, par suite de je ne sais quelle misérable haine ! Quand je dis que je ne sais… je me trompe… d’Aigrigny, le renégat, est au fond de tout cela, j’en suis sûr. Je n’ai au monde qu’un ennemi… et c’est cet homme ;… il faut que j’en finisse avec lui, je suis las… c’est trop.

— Mais, mon général, songez donc que c’est un prêtre, et…

— Et que m’importe qu’il soit prêtre ? je l’ai vu manier l’épée ; je saurai bien faire monter à la face de ce renégat son sang de soldat !…

— Mais, mon général…

— Je vous dis, moi, qu’il faut que je m’en prenne à quelqu’un, s’écria le maréchal en proie à une violente exaspération ; je vous dis qu’il faut que je mette un nom et une figure à ces lâchetés ténébreuses, pour pouvoir en finir avec elles !… Elles m’enserrent de toutes parts, elles font de ma vie un enfer… vous le savez bien… et l’on ne tente rien pour m’épargner ces colères qui me tuent à petit feu. Je ne puis compter sur personne !…

— Mon général, je ne peux pas laisser passer cela, dit Dagobert d’une voix calme, mais ferme et pénétrée.