Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/22

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si cruel, ensuite nous l’oublierons à jamais comme un mauvais rêve.

— Je vous répondrai avec sincérité, au risque de me nuire à moi-même, dit le prince.

— Comment avez-vous pu vous résoudre à vous montrer en public avec… ?

— Avec cette jeune fille ? dit Djalma en interrompant Adrienne.

— Oui, mon cousin, reprit mademoiselle de Cardoville, attendant la réponse de Djalma avec une curiosité inquiète.

— Étranger aux habitudes de ce pays, répondit Djalma sans embarras, parce qu’il disait vrai ; l’esprit affaibli par le désespoir, égaré par les funestes conseils d’un homme dévoué à nos ennemis, j’ai cru, ainsi qu’il me le disait, qu’en affichant devant vous un autre amour, j’exciterais votre jalousie ; et que…

— Assez, mon cousin ; je comprends tout, dit vivement Adrienne en interrompant à son tour Djalma pour lui épargner un aveu pénible ; il a fallu que moi aussi je fusse bien aveuglée par le désespoir pour n’avoir pas deviné ce méchant complot, surtout après votre folle et intrépide action : risquer la mort… pour ramasser mon bouquet ! ajouta Adrienne en frissonnant encore à ce souvenir. Un dernier mot, reprit-elle, quoique je sois sûre de votre réponse :