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de leur chambre, et vers lequel le maréchal se dirigea rapidement.

Par discrétion, les deux jeunes filles restèrent auprès de la cheminée où elles étaient et s’embrassèrent tendrement, comme pour se réjouir de sœur à sœur, seule à seule, de cette journée inespérée.

Le maréchal s’assit devant le bureau de ses filles, et fit signe à Dagobert d’approcher.

Tout en écrivant rapidement quelques mots d’une main ferme, il dit au soldat en souriant et assez bas pour qu’il fût impossible à ses filles de l’entendre :

— Sais-tu à quoi j’étais presque décidé tout à l’heure, avant d’entrer ici ?

— À quoi étiez-vous décidé, mon général ?

— À me brûler la cervelle… C’est à mes enfants que je dois la vie…

Et le maréchal continua d’écrire.

À cette confidence, Dagobert fit un mouvement, puis il reprit, toujours à voix basse :

— Ça n’aurait toujours pas été avec vos pistolets… J’avais ôté les capsules…

Le maréchal se retourna vivement vers lui, en le regardant d’un air surpris.

Le soldat baissa la tête affirmativement et ajouta :

— Dieu merci !… c’est fini de ces idées-là…