Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/231

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et les générations, cette impérissable jeunesse…

Elle avait vieilli… elle pouvait enfin aspirer à la mort…

Chaque minute de sa vie la rapprochait de la tombe…

Transportée de cet espoir ineffable, elle se redresse, lève la tête vers le ciel et joint ses mains dans une attitude de prière fervente…

Alors ses yeux s’arrêtent sur la grande statue de pierre qui représente saint Jean le décapité…

La tête que le martyr porte entre ses mains… semble, à travers sa paupière de granit, à demi close par la mort, jeter sur la Juive errante un regard de commisération et de pitié…

Et c’est elle, Hérodiade, qui, dans la cruelle ivresse d’une fête païenne, a demandé le supplice de ce saint !…

Et c’est au pied de l’image du martyr que, pour la première fois… depuis tant de siècles… l’immortalité qui pesait sur Hérodiade semble s’adoucir !…

« Ô mystère impénétrable ! ô divine espérance ! s’écrie-t-elle. Le courroux céleste s’apaise enfin… La main du Seigneur me ramène aux pieds de ce saint martyr… C’est à ses pieds que je commence à être une créature hu-