Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/25

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une larme rouler à travers les doigts effilés de Djalma.

— Qu’avez-vous, mon ami ?… s’écria-t-elle.

Et, par un mouvement plus rapide que sa pensée, elle se pencha vers le prince et abaissa ses mains, qu’il tenait toujours sur son visage.

Son visage était baigné de larmes.

— Vous pleurez !… s’écria mademoiselle de Cardoville, si émue qu’elle garda les mains de Djalma entre les siennes ; aussi, ne pouvant essuyer ses larmes, le jeune Indien les laissa couler comme autant de gouttes de cristal sur l’or pâle de ses joues.

— Il n’est pas en ce moment un bonheur comme le mien, dit le prince de sa voix suave et vibrante, avec une sorte d’accablement indicible ; et je ressens une grande tristesse : cela doit être… Vous me donnez le ciel ;… moi je vous donnerais la terre… que je serais encore ingrat envers vous… Hélas ! que peut l’homme pour la divinité ? la bénir, l’adorer… mais jamais lui rendre les trésors dont elle le comble ;… il n’en souffre pas dans son orgueil, mais dans son cœur…

Djalma n’exagérait pas ; il disait ce qu’il éprouvait réellement, et la forme un peu hyperbolique, familière aux Orientaux, pouvait seule rendre sa pensée.