Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/261

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— Dans ces circonstances, reprit Rodin, le départ du maréchal donne toute latitude ; il faut agir immédiatement sur ses filles…

— Mais comment ? dit la princesse.

— Il faut d’abord les voir, reprit Rodin, causer avec elles, les étudier ;… ensuite on agira en conséquence.

— Mais le soldat ne les quittera pas d’une seconde, dit le père d’Aigrigny.

— Alors, reprit Rodin, il faudra causer avec elles devant le soldat et le mettre des nôtres.

— Lui !… Cet espoir est insensé ! s’écria le père d’Aigrigny ; vous ne connaissez pas cette probité militaire ; vous ne connaissez pas cet homme.

— Je ne le connais pas ? dit Rodin en haussant les épaules. Mademoiselle de Cardoville ne m’a-t-elle pas présenté à lui comme son libérateur, lorsque je vous ai eu dénoncé comme l’âme de cette machination ? N’est-ce pas moi qui lui ai rendu sa ridicule relique impériale… sa croix d’honneur, chez le docteur Baleinier ?… N’est-ce pas moi enfin qui lui ai ramené les jeunes filles du couvent, et qui les ai mises aux bras de leur père ?

— Oui, reprit la princesse ; mais, depuis ce temps, ma nièce maudite a tout deviné, tout