Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/265

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l’appartement des jeunes filles ; Rabat-Joie suit exactement son maître, et semble marcher avec autant de précaution que lui.

La figure du soldat est inquiète, préoccupée ; tout en s’approchant il dit à demi-voix :

— Pourvu que ces chères enfants n’aient rien entendu… cette nuit ? Cela les effrayerait, il vaut mieux qu’elles ne sachent cet événement que le plus tard possible. Cela serait capable de les attrister cruellement ; pauvres petites, elles sont si gaies, si heureuses, depuis qu’elles savent l’amour de leur père pour elles !… Elles ont si bravement supporté son départ !… Aussi, pourvu qu’elles ne soient pas instruites de l’accident de cette nuit ! elles en seraient trop affligées !

Puis, prêtant encore l’oreille, le soldat reprit :

— Je n’entends rien… rien… Elles, toujours éveillées de si bonne heure, c’est peut-être le chagrin.

Les réflexions de Dagobert furent interrompues par deux éclats de rire, d’une fraîcheur charmante, qui retentirent tout à coup dans l’intérieur de la chambre à coucher des jeunes filles.

— Allons, elles ne sont pas si tristes que je croyais, dit Dagobert en respirant plus à