Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/269

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che ; c’était au tour de Blanche à coiffer Rose ; les deux jeunes filles ainsi groupées offraient un tableau rempli de grâce.

Rose était assise devant une toilette ; sa sœur, debout derrière elle, lissait ses beaux cheveux bruns.

Âge heureux et charmant, encore si voisin de l’enfance, que la joie présente fait bien vite oublier les chagrins passés. Et puis les orphelines éprouvaient plus que de la joie, c’était du bonheur, oui, un bonheur profond désormais inaltérable ; leur père les adorait ; leur présence, loin de lui être pénible, le ravissait. Enfin, rassuré lui-même sur la tendresse de ses enfants, il n’avait non plus, grâce à elles, aucun chagrin à redouter. Pour ces trois êtres, ainsi certains de leur mutuelle et ineffable affection, que pouvait être une séparation momentanée ?

Ceci dit et compris, on concevra l’innocente gaieté des deux sœurs, malgré le départ de leur père, et l’expression enjouée, heureuse, qui animait leurs ravissantes figures, sur lesquelles refleurissaient déjà leurs couleurs naguère mourantes ; leur foi dans l’avenir donnait à leur physionomie quelque chose de résolu, de décidé, qui ajoutait un charme piquant à leurs traits enchanteurs.

Blanche, en lissant les cheveux de sa sœur,