Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/276

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— Du temps que nous étions tristes, dit Blanche, il fallait voir ses inquiétudes, son chagrin, et tout ce qu’elle tentait bien timidement pour nous consoler.

— Vingt fois j’ai vu rouler de grosses larmes dans ses yeux en nous regardant, reprit Rose ; oh ! elle nous aime tendrement, et nous le lui rendons bien… Et, à ce sujet, tu ne sais pas, Dagobert, nous avons un projet dès que notre père sera de retour…

— Tais-toi donc, ma sœur…, reprit Blanche en riant, Dagobert ne nous gardera pas le secret…

— Lui ?

— N’est-ce pas, tu nous le garderas, Dagobert ?

— Tenez, dit le soldat de plus en plus embarrassé, vous ferez bien de ne rien dire…

— Tu ne peux donc rien cacher à madame Augustine ?

— Ah ! M. Dagobert, M. Dagobert, dit Blanche gaiement en menaçant le soldat du bout du doigt, je vous soupçonne d’avoir fait le coquet auprès de notre bonne gouvernante.

— Moi… coquet ? dit le soldat.

Le ton, l’expression de Dagobert, en prononçant ces mots, furent si plaisants, que les deux sœurs partirent d’un grand éclat de rire.