Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/282

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— Dagobert, ne nous refuse pas, dit Blanche, tu ferais pour nous ce que tu nous reproches de faire pour une autre.

Dagobert avait jusque-là pour ainsi dire barré le passage au jésuite et aux deux sœurs en se mettant devant la porte ; après un moment de réflexion, il haussa les épaules, s’effaça et dit avec calme :

— J’étais un vieux fou. Allez, mesdemoiselles… allez ;… si vous trouvez madame Augustine dans la maison… je vous permets de rester auprès d’elle…

Interdites de l’assurance et des paroles de Dagobert, les deux jeunes filles restèrent immobiles et indécises.

— Si notre gouvernante n’est pas ici… où est-elle donc ? dit Rose.

— Vous croyez peut-être que je vais vous le dire, après l’exaltation où je vous vois ?

— Elle est morte…, s’écria Rose en pâlissant.

— Non, non, calmez-vous, dit vivement le soldat ; non… sur votre père, je vous jure que non ;… seulement, à la première atteinte de la maladie, elle a demandé à être transportée hors de la maison… craignant la contagion pour ceux qui l’habitent.

— Bonne et courageuse femme…, dit Rose avec attendrissement, et tu ne veux pas…