Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/283

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— Je ne veux pas que vous sortiez d’ici, et vous n’en sortirez pas, quand je devrais vous enfermer dans cette chambre ! s’écria le soldat en frappant du pied avec colère.

Puis, se rappelant que la malheureuse indiscrétion de Jocrisse causait seule ce fâcheux incident, il ajouta avec une fureur concentrée :

— Oh ! il faudra que je casse ma canne sur le dos de ce gredin-là…

Ce disant, il se retourna vers la porte où Rodin se tenait silencieux et attentif, dissimulant sous son impassibilité habituelle les funestes espérances qu’il venait de concevoir.

Les deux jeunes filles, ne doutant plus du départ de leur gouvernante, et persuadées que Dagobert ne leur apprendrait pas où on l’avait transportée, restèrent pensives et attristées.

À la vue du prêtre, qu’il avait un moment oublié, le courroux du soldat augmenta, et il lui dit brutalement :

— Vous êtes encore là ?

— Je vous ferai observer, mon cher monsieur, dit Rodin avec l’air de bonhomie parfaite qu’il savait prendre dans l’occasion, que vous vous teniez devant la porte, ce qui m’empêchait naturellement de sortir.

— Eh bien ! maintenant… rien ne vous empêche, filez…