Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/350

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— Hélas ! notre mort… sauvera-t-elle notre pauvre mère… du purgatoire ?

— Archange… saint archange… priez Dieu pour notre mère… et pour nous…

Jusqu’alors, Gabriel, stupéfait d’étonnement et de douleur, presque suffoqué par les sanglots, n’avait pu trouver une parole ; mais, à ces mots des orphelines, il s’écria :

— Chères enfants, pourquoi douter du salut de votre mère ?… Ah !… jamais âme plus pure, plus sainte, n’est remontée vers le Créateur… Votre mère !… mais je le sais par mon père adoptif, ses vertus, son courage, ont fait l’admiration de ceux qui la connaissaient… aussi, croyez-moi… Dieu l’a bénie…

— Oh ! tu l’entends… ma sœur… ! s’écria Rose, et un éclair de joie céleste illumina un instant la figure livide des orphelines. Notre mère est bénie de Dieu !…

— Oui, oui, reprit Gabriel ; écartez ces idées funestes… pauvres enfants ;… reprenez courage, vous ne mourrez pas… Songez à votre père…

— Notre père ! dit Blanche en tressaillant.

Et elle reprit avec un mélange de raison et d’exaltation délirante qui eût déchiré l’âme la plus indifférente :

— Hélas ! il ne nous retrouvera plus à son