Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

naient plus profonds, plus pénétrants, et, pour ainsi dire, plus intelligents de cette âme si belle, si pure, non-seulement l’Indien s’apaisa, mais, se transfigurant, sa physionomie, d’abord si violemment troublée, se rasséréna, et bientôt refléta comme un miroir la noble sécurité du visage de la jeune fille.

Maintenant, traduisons pour ainsi dire physiquement cette révolution morale, si charmante pour la Mayeux, d’abord si épouvantée, si désespérante pour la dévote.

À peine la princesse venait-elle de distiller son atroce calomnie de sa lèvre venimeuse, que Djalma, alors debout devant la cheminée, avait, dans le paroxysme de sa fureur, fait brusquement un pas vers la princesse ; puis, comme s’il eût voulu se modérer dans sa rage, il s’était, pour ainsi dire, retenu au marbre de la cheminée qu’il semblait pétrir de sa main d’acier ; un tressaillement convulsif agitait tout son corps ; ses traits, contractés, méconnaissables, étaient devenus effrayants…

De son côté, en entendant la princesse, Adrienne, cédant à un premier mouvement d’indignation courroucée, de même que Djalma avait cédé à un premier mouvement de fureur aveugle, Adrienne s’était brusquement levée, le regard étincelant de fierté révoltée ; mais presque