Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/408

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qui devient épi ; mais, au grain de blé, il faut des mois pour se développer ; mais, au gland, il faut des siècles pour acquérir sa splendeur ; tandis que ce seul mot, composé de sept lettres, collier… oui, ce seul mot, ce seul germe, est tombé il y a quelques minutes dans mon cerveau, et grandissant, grandissant tout à coup, il est devenu, à cette heure, quelque chose d’aussi immense qu’un chêne ; oui, ce seul mot a été le germe d’une idée qui, comme le chêne, a mille rameaux souterrains… qui, comme le chêne, s’élance vers le ciel… car c’est pour la plus grande gloire du Seigneur que j’agis… oui, du Seigneur… tels qu’ils le font, tel qu’ils le donnent, tel que je le maintiendrai… si j’arrive ;… et j’arriverai… car ces misérables Rennepont auront passé comme des ombres. Et que fait, après tout, à l’ordre moral, dont je serai le messie, que ces gens-là vivent ou meurent ? qu’est-ce qu’auraient pesé de pareilles vies dans les balances des grandes destinées du monde ?… Tandis que cet héritage que je vais y jeter, moi, dans la balance, d’une main audacieuse, me fera monter jusqu’à une sphère d’où l’on domine encore bien des rois, bien des peuples, quoi qu’on fasse, quoi qu’on crie… Les niais !… les doubles crétins !… non, non, au contraire, les bons,