Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/409

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les saints, les adorables crétins… ils croient nous écraser, nous autres gens d’Église, en nous disant… d’une grosse voix : « Vous aurez le spirituel ;… mais nous, morbleu ! nous gardons le temporel… » Oh ! que leur conscience et leur modestie les inspirent bien en leur disant de ne rien revendiquer du spirituel… d’abandonner le spirituel, de mépriser le spirituel ; ça se voit de reste, qu’ils ne doivent avoir rien de commun avec le spirituel… Oh ! les vénérables ânes, ils ne voient pas que, de même qu’ils vont, eux, tout droit au moulin, c’est par le spirituel qu’on va tout droit au temporel ; comme si ce n’était pas par l’esprit qu’on dominait le corps… Ils nous laissent le spirituel… ils dédaignent le spirituel… c’est-à-dire la domination des consciences, des âmes, des esprits, des cœurs, des jugements ; le spirituel… c’est-à-dire le pouvoir de dispenser au nom du ciel le châtiment, le pardon, la récompense et la rémission… et cela sans contrôle, et cela dans l’ombre et le secret du confessionnal, et cela sans que ce lourdaud de Temporel ait rien à y voir :… à lui tout ce qui est corps et matière, et, de joie, le bonhomme s’en frotte la panse. Seulement, de temps à autre, il s’aperçoit, un peu tard, que s’il prétend avoir les corps, nous avons les âmes, et que les âmes dirigeant les