Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/426

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environ, au visage large, coloré, quelque peu barbu, et à la voix virile ; elle portait ce soir-là une manière de turban orange et une robe de velours violâtre, quoiqu’on fût à la fin de mai ; elle avait en outre des bagues à tous les doigts et sur le front une ferronnière de diamants.

Nini-Moulin avait abandonné le paletot-sac quelque peu sans façon qu’il portait habituellement, pour un habillement noir complet et un large gilet blanc à la Robespierre ; ses cheveux étaient aplatis autour de son crâne bourgeonné, et il avait pris une physionomie des plus béates, dehors qui lui semblaient devoir mieux servir ses projets matrimoniaux et contre-balancer l’influence de l’abbé Corbinet, que les allures de Roger-Bontemps qu’il avait d’abord affectées.

Dans ce moment, l’écrivain religieux, laissant de côté ses intérêts, ne s’occupait que de réussir dans la délicate mission dont il avait été chargé par Rodin, mission qui, d’ailleurs, lui avait été adroitement présentée par le jésuite sous des apparences parfaitement acceptables, et dont le but, à tout prendre, honorable, faisait excuser les moyens quelque peu hasardeux.

— Ainsi, disait Nini-Moulin en continuant un entretien commencé depuis quelque temps, elle a vingt ans ?