Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/445

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Mais le métis, semblant en proie à une sourde et muette fureur, les yeux fixes, hagards, ne parut pas entendre Djalma.

Celui-ci, posant sa main sur l’épaule du métis, reprit :

— Faringhea… écoute-moi…

— Monseigneur, dit le métis en tressaillant brusquement comme s’il se fût éveillé en sursaut, pardon… mais…

— Dans les angoisses où de cruels soupçons te jettent… ce n’est pas à ton kandjiar que tu dois demander conseil… c’est à ton ami… et je te l’ai dit, je suis ton ami.

— Monseigneur…

— À ce rendez-vous… qui te prouvera, dit-on, l’innocence… ou la trahison de celle que tu aimes… à ce rendez-vous… il faut aller…

— Oh ! oui, dit le métis d’une voix sourde et avec un sourire sinistre, oui… j’irai…

— Mais tu n’iras pas seul…

— Que voulez-vous dire, monseigneur ? s’écria le métis ; qui m’accompagnera ?…

— Moi…

— Vous, monseigneur ?

— Oui… pour t’épargner un crime peut-être ;… car je sais… combien le premier mouvement de colère est souvent aveugle et injuste…