Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/458

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Entre deux fenêtres drapées de rideaux de soie cramoisie, il y avait une grande armoire à glace servant de psyché ; en face de la cheminée, seulement garnie de braise ardente d’un rouge de sang, était un large et long divan garni de ses carreaux.

Au bout d’une seconde à peine, une femme entra dans cet appartement ; on ne pouvait distinguer ni sa figure ni sa taille, soigneusement enveloppée qu’elle était d’une longue mante à capuchon d’une forme particulière et de couleur foncée.

La vue de cette mante fit tressaillir Djalma : au bien-être qu’il avait d’abord ressenti, succédait une agitation fiévreuse, pareille à celle des fumées croissantes de l’ivresse ; à ses oreilles bruissait ce bourdonnement étrange que l’on entend lorsque l’on plonge au fond des grandes eaux…

Djalma regardait toujours avec une sorte de stupeur ce qui se passait dans la chambre voisine.

La femme qui venait d’y apparaître était entrée avec précaution, presque avec crainte ; d’abord elle alla écarter un des rideaux fermés, et jeta au travers des persiennes un regard dans la rue ; puis elle revint lentement vers la cheminée, où elle s’accouda un moment,