Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/471

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petite table d’ivoire placée auprès du lit d’Adrienne.

— Cette liqueur est âcre et brûlante, dit-il ; maintenant, je suis certain de mourir… Oh ! que j’aie du moins le temps de m’enivrer encore de la vue et du parfum de cette chambre !… que je puisse reposer ma tête mourante sur ce lit où a reposé la sienne !…

Et Djalma tomba agenouillé devant le lit où il appuya son front brûlant.

À ce moment, la porte d’ivoire qui communiquait à la salle de bains roula doucement sur ses gonds, et Adrienne entra…

La jeune fille venait de renvoyer ses femmes qui avaient assisté à sa toilette de nuit.

Elle portait un long peignoir de mousseline d’une éblouissante blancheur ; ses cheveux d’or, coquettement tressés pour la nuit en petites nattes, formaient ainsi deux larges bandeaux qui donnaient à sa ravissante figure un caractère d’une juvénilité charmante ; son teint de neige était légèrement animé par la tiède moiteur du bain parfumé où elle se plongeait quelques instants chaque soir. Lorsqu’elle ouvrit la porte d’ivoire et qu’elle posa son petit pied rose et nu, chaussé d’une mule de satin blanc, sur le tapis d’hermine, Adrienne était d’une resplendissante beauté ; le bonheur éclatait dans