Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/475

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sée, le malheureux oubliait la victime qu’il avait frappée dans son erreur.

De plus en plus épouvantée, jetant de nouveau les yeux sur le poignard laissé sur le tapis, et s’apercevant alors qu’il était ensanglanté… terrible découverte qui confirmait les paroles de Djalma, mademoiselle de Cardoville s’écria :

— Vous avez tué… vous… Djalma ? Oh ! mon Dieu ! qu’est-ce qu’il dit ? C’est à devenir folle.

— Tu vis… je te vois… tu es là…, disait Djalma d’une voix palpitante, enivrée ; te voilà, toujours belle, toujours pure… car ce n’était pas toi… Oh non !… si ç’avait été toi… je le disais bien… plutôt que de te tuer, le fer se serait retourné contre moi…

— Vous avez tué ! s’écria la jeune fille, presque égarée par cette révélation imprévue, en joignant les mains avec horreur. Mais pourquoi ? mais qui avez-vous tué ?…

— Que sais-je, moi ?… une femme… qui te ressemblait, et puis un homme que j’ai cru ton amant ;… c’était une illusion… un rêve… affreux ; tu vis, car te voilà…

Et l’Indien sanglotait de joie.

— Un rêve !… mais ce n’est pas un rêve… À ce poignard il y a du sang !… s’écria la