Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/474

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prodige de cette résurrection, la physionomie de l’Indien se transfigura, l’or pâli de son teint redevint chaud et vermeil ; ses yeux, ternis par les larmes du remords, s’illuminèrent d’un vif rayonnement ; ses traits enfin, naguère contractés par une terreur désespérée, exprimèrent toutes les phases croissantes d’une joie folle, délirante, extatique…

S’avançant, toujours à genoux, vers Adrienne, en élevant vers elle ses mains tremblantes… trop ému pour pouvoir prononcer un mot, il la contemplait avec tant de stupeur, tant d’amour, tant d’adoration, tant de reconnaissance… oui, de reconnaissance de ce qu’elle vivait… que la jeune fille, fascinée par ce regard inexplicable, muette aussi, immobile aussi, sentait, aux battements précipités de son sein, à un sourd frémissement de terreur, qu’il s’agissait de quelque effrayant mystère.

Enfin… Djalma, joignant les mains, s’écria avec un accent impossible à rendre :

— Tu n’es pas morte !…

— Morte !… répéta la jeune fille stupéfaite.

— Ce n’était pas toi… Ce n’est pas toi… que j’ai tuée… Dieu est bon et juste…

En prononçant ces mots avec une joie insen-