Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/491

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vous m’avez fait, après tout ce que vous m’avez ravi…

Et, au souvenir de ses enfants, la voix du maréchal s’altéra légèrement ; mais il reprit bientôt son calme terrible :

— Vous sentez bien que je ne vis plus que pour la vengeance… moi ;… mais il me faut une vengeance que je puisse savourer… en sentant votre lâche cœur palpiter au bout de mon épée… Notre dernier duel… n’a été qu’un jeu ;… mais celui-ci… oh ! vous allez voir celui-ci…

Et le maréchal marcha vers la table où il avait posé les épées.

Il fallait au père d’Aigrigny un grand empire sur lui-même pour se contraindre ; la haine implacable qu’il avait toujours éprouvée contre le maréchal Simon, ses provocations insultantes, réveillaient en lui mille ardeurs farouches ; pourtant il répondit d’un ton assez calme :

— Une dernière fois, monsieur, je vous le répète, le caractère dont je suis revêtu m’empêche de me battre.

— Ainsi… vous refusez ? dit le maréchal en se retournant, revenant vers lui et s’approchant.

— Je refuse.