Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/490

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ger ma femme et mes enfants… je suis tranquille.

— Monsieur, répondit froidement le père d’Aigrigny, vous oubliez que mon caractère me défend de me battre… Autrefois, j’ai pu accepter le duel que vous m’avez proposé ;… aujourd’hui ma position a changé.

— Ah !… fit le maréchal avec un sourire amer, vous refusez de vous battre maintenant parce que vous êtes prêtre ?

— Oui… monsieur, parce que je suis prêtre.

— De sorte que, parce qu’il est prêtre, un infâme comme vous est certain de l’impunité, et qu’il peut mettre sa lâcheté, ses crimes à l’abri de sa robe noire ?

— Je ne comprends pas un mot à vos accusations, monsieur. En tout cas, il y a des lois, dit le père d’Aigrigny en mordant ses lèvres blêmes de colère, car il ressentait profondément l’injure que venait de lui adresser le maréchal ; si vous avez à vous plaindre… adressez-vous à la justice ;… elle est égale pour tous.

Le maréchal Simon haussa les épaules avec un dédain farouche.

— Vos crimes échappent à la justice ;… elle les punirait, que je ne lui laisserais pas encore le soin de me venger… après tout le mal que