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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/500

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À cette épouvantable ironie, le père d’Aigrigny fit un mouvement pour se précipiter sur Rodin ; mais il retomba sur une de ses mains en poussant un sourd gémissement : le sang l’étouffait.

— Ah ! monstre d’enfer ! murmura-t-il en jetant sur Rodin un regard effrayant de rage et d’agonie. C’est toi qui causes ma mort…

— Je vous avais toujours dit, mon très-cher père, que votre vieux levain de batailleur vous serait fâcheux…, répondit Rodin avec un affreux sourire. Il y a peu de jours encore… je vous ai prévenu… en vous recommandant de vous laisser patiemment souffleter par ce sabreur… qui ne sabrera plus rien du tout… et c’est bien fait : parce que, d’abord, qui tire le glaive… périt par le glaive, dit l’Écriture. Et puis ensuite, le maréchal Simon… héritait de ses filles… Voyons, là… entre nous, comment vouliez-vous que je fisse, mon très-cher père ?… Il fallait bien vous sacrifier à l’intérêt commun ; d’autant plus que je savais ce que vous me ménagiez pour demain. Or, moi, on ne me prend pas sans vert.

— Avant d’expirer…, dit le père d’Aigrigny d’une voix affaiblie, je vous démasquerai…

— Oh ! que non point, dit Rodin en hochant la tête d’un air futé, que non point !… moi