Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/528

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— Que dit-il ?… s’écria Rodin. Que fait-il ?…

— Regardez, dit à son tour Samuel avec un farouche triomphe ; je vous l’ai dit, les dépouilles de vos victimes échapperont à vos mains homicides.

À peine Samuel eut-il prononcé ces mots, qu’à travers les découpures de la cassette de fer, travaillée à jour, s’échappèrent quelques jets de fumée, et une légère odeur de papier brûlé se répandit dans la salle.

Rodin comprit…

— Le feu !… s’écria-t-il en se précipitant sur la cassette pour l’enlever.

Elle était rivée à la pesante console de marbre.

— Oui… le feu…, dit Samuel ; dans quelques minutes… de ce trésor immense il ne restera plus que des cendres… et mieux vaut qu’il soit réduit en cendres que d’être à vous et aux vôtres… Ce trésor ne m’appartient pas… il ne me reste que le droit de l’anéantir, car Gabriel de Rennepont sera fidèle au serment qu’il a fait.

— Au secours !… de l’eau !… de l’eau !… criait Rodin en se précipitant sur la cassette qu’il couvrait de son corps, tâchant en vain d’étouffer la flamme qui, activée par le courant d’air, sortait par les mille découpures de fer ;