Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/54

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férence mon Dieu ! À votre agitation, à vos gémissements désespérés, a succédé un calme religieux… Est-ce vrai ?…

— Oui,… c’est vrai ; par moments, quand j’ai bien souffert, mon cœur ne bat plus… je suis calme ;… les morts aussi sont calmes…, dit M. Hardy en laissant tomber sa tête sur sa poitrine.

— Ah ! mon cher fils… mon cher fils… vous me brisez le cœur lorsque quelquefois je vous entends parler ainsi. Je crains toujours que vous ne regrettiez cette vie mondaine… si fertile en abominables déceptions… Du reste… aujourd’hui même… vous subirez heureusement à ce sujet une épreuve décisive.

— Comment cela, mon père ?

— Ce brave artisan, un des meilleurs ouvriers de votre fabrique, doit venir vous voir.

— Ah ! oui, dit M. Hardy après une minute de réflexion, car sa mémoire, ainsi que son esprit, s’était considérablement affaiblie ; en effet… Agricol va venir ; il me semble que je le verrai avec plaisir.

— Eh bien ! mon cher fils, votre entrevue avec lui sera l’épreuve dont je parle… La présence de ce digne garçon vous rappellera cette vie si active, si occupée que vous meniez naguère ; peut-être ces souvenirs vous feront pren-