Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/55

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dre en grande pitié le pieux repos dont vous jouissez maintenant ; peut-être voudrez-vous de nouveau vous lancer dans une carrière pleine d’émotions de toutes sortes, renouer d’autres amitiés, chercher d’autres affections, revivre enfin, comme par le passé, d’une existence bruyante, agitée. Si ces désirs s’éveillent en vous, c’est que vous ne serez pas encore mûr pour la retraite ;… alors obéissez-leur, mon cher fils, recherchez de nouveau les plaisirs, les joies, les fêtes ; mes vœux vous suivront toujours, même au milieu du tumulte mondain ; mais rappelez-vous toujours, mon tendre fils, que si un jour votre âme était déchirée par de nouvelles trahisons, ce paisible asile vous sera toujours ouvert, et que vous m’y trouverez toujours prêt à pleurer avec vous sur la douloureuse vanité des choses terrestres…

À mesure que le père d’Aigrigny avait parlé, M. Hardy l’avait écouté presque avec effroi. À la seule pensée de se rejeter encore au milieu des tourments d’une vie si douloureusement expérimentée, cette pauvre âme se repliait sur elle-même, tremblante et énervée ; aussi le malheureux s’écria-t-il d’un ton presque suppliant :

— Moi, mon père, retourner dans ce monde où j’ai tant souffert… où j’ai laissé mes derniè-