Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/62

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il faut que tout soit écrit de votre main ; quelques lignes suffiront.

— Mais, mon père…

— Allons… il le faut, ou sans cela je laisse entrer cet ouvrier, dit sèchement le père d’Aigrigny, voyant, à l’affaiblissement de plus en plus marqué de l’esprit de M. Hardy, qu’il pouvait, dans cette grave circonstance, essayer de la fermeté, quitte à revenir ensuite à des moyens plus doux.

Et de ses larges prunelles grises, rondes et brillantes comme celles d’un oiseau de proie, il fixa M. Hardy d’un air sévère. L’infortuné tressaillit sous ce regard presque fascinateur, et répondit en soupirant :

— J’écrirai… mon père… j’écrirai ;… mais, je vous en supplie… dictez ;… ma tête est trop faible…, dit M. Hardy en essuyant des pleurs de sa main brûlante et fiévreuse.

Le père d’Aigrigny dicta les lignes suivantes :


« Mon cher Agricol, j’ai réfléchi qu’un entretien avec vous serait inutile ;… il ne servirait qu’à réveiller des chagrins cuisants, que je suis parvenu à oublier avec l’aide de Dieu et des douces consolations que m’offre la religion… »