Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/63

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Le révérend père s’interrompit un moment ; M. Hardy pâlissait davantage, et sa main défaillante pouvait à peine tenir la plume ; son front était baigné d’une sueur froide. Le père d’Aigrigny tira un mouchoir de sa poche et essuyant le visage de sa victime, il lui dit, avec un retour d’affectueuse sollicitude :

— Allons, mon cher et tendre fils… un peu de courage, ce n’est pas moi qui vous ai engagé à refuser cet entretien… n’est-ce pas ?… au contraire ;… mais puisque, pour votre repos, vous le voulez ajourner, tâchez de terminer cette lettre ;… car, enfin, qu’est-ce que je désire, moi ? vous voir désormais jouir d’un calme ineffable et religieux après tant de pénibles agitations…

— Oui… mon père… je le sais, vous êtes bon…, répondit M. Hardy d’une voix reconnaissante, pardonnez ma faiblesse…

— Pouvez-vous continuer cette lettre… mon cher fils ?

— Oui… mon père.

— Écrivez donc.

Et le révérend père continua de dicter :


« Je jouis d’une paix profonde, je suis entouré de soins, et grâce à la miséricorde divine, j’espère faire une fin toute chrétienne