élégantes de Paris, qu’elle avait dix domestiques à son service, six chevaux dans son écurie, et qu’elle occupait son hôtel, rue du Faubourg-du-Roule.
Madame Dumirail, aussi ignorante que son fils à l’endroit de la vie de Paris, et ne soupçonnant pas qu’une femme titrée, ayant un hôtel, dix domestiques à son service et six chevaux dans son écurie, pût être une aventurière, et pensant qu’il s’agissait, selon la lettre, d’une communication importante pour Maurice et pour sa famille, l’engagea, quoiqu’elle ressentît une involontaire et vague inquiétude, à se rendre chez madame de Hansfeld, songeant d’abord, par excès de précaution, à accompagner son fils en fiacre jusqu’à la porte de l’hôtel de cette dame, l’une des plus élégantes de Paris. Or, dans l’esprit de madame Dumirail, l’idée de l’élégance étant inséparable de la jeunesse et de la beauté, elle concevait une sorte d’inquiétude de l’entrevue de son fils avec une femme jeune et belle ; mais elle renonça au projet d’accompagner Maurice, craignant de l’humilier par un excès de surveillance. Il partit donc seul, et, au moment où il passait devant la loge du concierge, celui-ci remit d’un air mystérieux au jeune provincial une seconde lettre, suivant cette recommandation du porteur de la missive, recommandation appuyée d’un écu de cinq francs glissé dans la main du concierge :
— Vous remettrez cette lettre à M. Maurice Dumirail, à l’insu de ses parents.
Le lecteur aura plus tard l’explication de ce fait.
LII
Lorsque M. d’Otremont eut quitté le boudoir, madame de Hansfeld, s’adressant à Maurice, qui s’était levé du divan, afin de prendre congé de son nouvel ami, lui dit avec un accent d’allégement et de douce satisfaction :
— Enfin, nous voici seuls… causons !
Et, faisant signe à l’ingénu de s’asseoir près d’elle :