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Page:Sue - Les Fils de famille (1856).djvu/468

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aujourd’hui par le courrier de M. l’ambassadeur ; il m’est impossible de vous la porter moi-même, selon le désir de Son Excellence, d’urgentes et nombreuses occupations me retenant à notre chancellerie ; j’aurais, sans cela, croyez-le, madame, saisi avec empressement cette occasion de mettre à vos pieds mes hommages, occasion qui m’est si rarement offerte, à mon grand regret, vous n’en pouvez douter, madame, non plus que du profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être,

« Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

« A. San-Privato. »

— J’ai reçu ce matin ce billet, ainsi que vous pouvez vous en assurer par la date, mon ami… Est-ce la lettre d’un amant à sa maîtresse ?

— Oh ! merci ! — s’écria Maurice avec l’accent d’un soulagement ineffable et n’éprouvant plus l’ombre d’un doute sur la sincérité de sa maîtresse. — Oh ! merci, Antoinette ! Si tu savais le…

— Mon ami, — dit madame de Hansfeld, — avant de me remercier, ou plutôt de te joindre à moi afin de rendre grâces à cette Providence des cœurs fidèles et sincères qui nous vient si à propos, lis, je te prie, cette autre lettre.

— Celle de l’ambassadeur ?

— Oui, celle du prince de Castel Nuovo, des largesses duquel je vis… — reprit Antoinette simulant une indignation contenue, — toujours selon la calomnie dont ton père s’est fait le complaisant écho.

— Antoinette, je te le jure, à cette infamie je n’ai jamais ajouté foi.

— Lis toujours, Maurice.

— Non, non, je semblerais douter de tes paroles. Ne m’as-tu pas tout à l’heure assuré que le prince…

— J’exige que tu lises cette lettre.

— À quoi bon, chère Antoinette ?

— Ne fût-ce que pour te prouver quelle confiance tu dois avoir dans les honnêtes propos que ton père se plaît à répéter. J’exige aussi que tu lises cette lettre au nom de mon honneur, qui ne doit pas être entaché du plus léger soupçon.

Maurice lut aussi à voix haute cette seconde lettre, ainsi conçue :

« Je ne vous écris aujourd’hui que quelques mots, ma chère