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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/111

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la caisse qu’il venait d’ouvrir, et que son fils y puisait une ou plusieurs paires de pistolets et des carabines.

À la vue de ces armes, se sachant entouré de cartouches, Gildas eut un éblouissement, devint d’une pâleur extrême, s’appuya sur une table et se dit :

— Étonnante maison ! où les ballots de toile sont des cartouches ! les glaces des fusils et des pistolets !…

— Mon bon Gildas, — lui dit affectueusement M. Lebrenn, — il n’y a aucun danger à déballer ces armes et ces munitions. Voilà tout ce que j’attends de vous… Cela fait, vous pourrez, si bon vous semble, descendre dans la cave ou monter au grenier, et y rester en sûreté jusqu’après la bataille ; car je dois vous en avertir, Gildas, il y aura bataille au point du jour… Seulement, une fois dans la retraite de votre choix, ne mettez le nez ni à la lucarne ni au soupirail lorsque vous entendrez la fusillade… car souvent les balles s’égarent…

Ces mots de balles égarées, de bataille, de fusillade, achevèrent de plonger Gildas dans une sorte de vertige très-concevable ; il ne s’attendait pas à trouver le quartier Saint-Denis si belliqueux. D’autres événements vinrent redoubler les terreurs de Gildas… De nouvelles rumeurs, d’abord lointaines, se rapprochèrent et éclatèrent enfin avec une telle furie, que Gildas, M. Lebrenn et son fils, presque alarmés, coururent à la porte de la boutique pour voir ce qui se passait dans la rue.