Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/110

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et un ciseau ; j’ouvrirai ces caisses avec mon fils, pendant que vous ouvrirez ces ballots.

— Ces ballots de toile, monsieur ?

— Oui… Éventrez d’abord leur enveloppe avec un couteau.

Et le marchand, ainsi que Sacrovir, munis de marteaux et de ciseaux, commencèrent à marteler vigoureusement les caisses, pendant que Gildas, ayant placé un des gros rouleaux par terre, s’agenouilla, se préparant à l’ouvrir.

— Monsieur ! — s’écria-t-il soudain, effrayé des violents coups de marteau que donnait M. Lebrenn sur les caisses. — Mais, monsieur, s’il vous plaît, prenez donc garde… il y a écrit sur les caisses : Très-fragile… Vous allez mettre les glaces en morceaux !

— Soyez tranquille, Gildas, — reprit en riant M. Lebrenn, tout en cognant à tour de bras, — ces glaces-là sont solides.

— Elles sont étamées à fer et à plomb, mon ami Gildas, — ajouta Sacrovir en frappant à coups redoublés.

— De plus en plus étonnant ! — murmura Gildas en s’agenouillant devant le ballot, afin de l’éventrer. Pour voir plus clair à sa besogne, il prit une lumière, et la plaça sur le plancher à côté de lui. Il commençait à découdre la grosse enveloppe de toile grise, lorsque M. Lebrenn, s’apercevant seulement alors de l’illumination que s’était ménagée le garçon de magasin, s’écria :

— Ah ça ! Gildas, vous êtes donc fou ? Remettez vite cette lumière sur la table… Diable ! vous nous feriez sauter, mon garçon !

— Sauter, monsieur ! — s’écria Gildas effrayé, en sautant lui-même, et de ce bond s’éloignant du ballot, pendant que Sacrovir replaçait la lumière sur la table. — Pourquoi sauterais-je ?

— Parce que ces ballots contiennent des cartouches, mon garçon ; ainsi faites attention.

— Des cartouches ! — s’écria Gildas en reculant de plus en plus effrayé, tandis que le marchand prenait deux fusils de munitions dans