Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/152

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— Vous voyez cet anneau de fer que je porte à la jambe, et qui soutient ma chaîne ? Cet anneau de fer, je voudrais être autorisé à l’emporter… en le payant, bien entendu.

— Comment !… cet anneau… Vous voudriez ?…

— Simple manie de collectionneur, monsieur… Je possède déjà quelques petites curiosités historiques… entre autres, le casque dont vous avez bien voulu me faire hommage il y a dix-huit mois… J’y joindrai l’anneau de fer du forçat politique… Vous voyez, monsieur, que pour moi et ma famille ce rapprochement dira bien des choses…

— Rien de plus facile, je crois, monsieur, que de satisfaire votre désir. Tout à l’heure j’en ferai part au commissaire. Mais permettez-moi une question, peut-être indiscrète.

— Laquelle, monsieur ?

— Je me rappelle qu’il y a dix-huit mois, et bien souvent depuis j’ai songé à cela, je me rappelle que, lorsque je vous ai prié de conserver mon casque, en souvenir de votre généreuse conduite envers moi, vous m’avez répondu…

— Que ce ne serait pas la seule chose provenant de votre famille que je possédais dans ma collection ? C’est la vérité.

— Vous m’avez aussi dit, je crois, monsieur, que les Néroweg de Plouernel…

— S’étaient quelquefois rencontrés, dans le courant des âges et des événements, avec plusieurs membres de mon obscure famille, esclave, serve, vassale ou plébéienne, reprit M. Lebrenn. — Cela est encore vrai, monsieur.

— Et à quelle occasion ? dans quelles circonstances ? comment avez-vous pu être instruit de faits passés il y a tant de siècles ?…

— Permettez-moi de garder ce secret, et excusez-moi d’avoir inconsidérément éveillé chez vous, monsieur, une curiosité que je ne peux satisfaire. Mais encore sous l’impression de cette journée de guerre civile et de l’étrange fatalité qui nous avait mis, vous et moi, face à face… une allusion au passé m’est échappée… Je le regrette ;