Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/208

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Lorsque l’étranger entra dans cette salle, un grand feu de bois de hêtre, avivé par des bruyères et des ajoncs marins, brûlait dans l’âtre, et par son éclat rendait presque inutile la clarté d’une belle lampe de cuivre étamé, soutenue par trois chaînes de même métal, brillantes comme de l’argent. Cette lampe était un présent de Mikaël, l’armurier.

Deux moutons entiers, traversés d’une longue broche de fer, rôtissaient devant le foyer, tandis que des saumons et autres poissons de mer cuisaient dans un grand bassin de cuivre avec de l’eau, du vinaigre, du sel et du cumin.

Aux cloisons, on voyait clouées des têtes de loup, de sanglier, de cerf, et deux têtes de bœuf sauvage, appelé urok, qui commençait à devenir très-rare dans le pays. On voyait encore des armes de chasse, telles que flèches, arcs, frondes… et des armes de guerre, telles que le sparr, le matag, des haches, des sabres de cuivre, des boucliers de bois, recouverts de la peau si dure des veaux marins, et des lances à fer large, tranchant et recourbé, ornées d’une clochette d’airain, afin d’annoncer de loin à l’ennemi l’arrivée du guerrier gaulois, parce que celui-ci dédaigne les embuscades et aime à se battre face à face, à ciel ouvert. On voyait encore suspendus çà et là des filets de pêche et des harpons pour harponner le saumon dans les bas fonds, lorsque la marée se retire.

À droite de la porte d’entrée, il y avait une sorte d’autel, composé d’une pierre de granit gris, surmonté et ombragé par de grands rameaux de chêne fraîchement coupés. Sur la pierre était posé un petit bassin de cuivre, où trempaient sept branches de gui, et sur la muraille on lisait cette inscription :

L’abondance et le ciel sont pour le juste qui est pur.
Celui-là est pur et saint qui fait des œuvres célestes et pures.

Lorsque Joel entra dans la maison, il s’approcha du bassin de cuivre où trempaient les sept branches de gui, et sur chacune il posa