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À mesure que les tribus approchaient de ce lieu, le recueillement redoublait.

Au bout de ces avenues étaient rangées en demi-cercle les trois pierres de l’autel du sacrifice, placé au bord de la mer. De sorte que derrière soi l’on avait la forêt profonde… Devant soi, la mer sans borne… Au-dessus de soi, le firmament étoilé…

Les tribus ne dépassèrent pas les dernières avenues de Karnak, et laissèrent vide un large espace entre la foule et l’autel. Cette grande foule resta silencieuse.

Trois bûchers s’élevaient au pied des pierres du sacrifice.

Celui du milieu des trois, le plus grand, était orné de longs voilés blancs rayés de pourpre ; il était aussi orné de rameaux de frêne, de sapin, de chêne et de bouleau, disposés dans un ordre mystérieux.

Le bûcher de droite, moins élevé, était aussi orné de feuillages divers et de gerbes de blé… Là se trouvait le corps d’Armel, tué en loyal combat, étendu, à demi caché par des branches de pommier chargées de fruits.

Le bûcher de gauche était surmonté d’une cage tressée d’osier, représentant une figure humaine d’une taille gigantesque.

Bientôt on entendit au loin le son des cymbales et des harpes.

Les druides, les druidesses, les vierges de l’île de Sên, arrivaient au lieu du sacrifice.

D’abord les bardes, vêtus de longues tuniques blanches, serrées par une ceinture d’airain, le front ceint de feuilles de chêne, et chantant sur leurs harpes : Dieu, la Gaule et ses héros.

Ensuite les ewaghs, chargés des sacrifices. Ils portaient des torches, des haches, et conduisaient enchaîné, au milieu d’eux, Daoülas, le meurtrier destiné au supplice.

Puis les druides, vêtus de leurs robes blanches, traînantes et rayées de pourpre, le front ceint de couronnes de chêne. Au milieu d’eux marchait Julyan, heureux et fier, Julyan, qui voulait quitter