Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce monde pour aller retrouver Armel et voyager avec lui dans les mondes inconnus.

Venaient enfin les druidesses mariées, portant des tuniques blanches, à ceinture d’or, et les neuf vierges de l’île de Sên, avec leurs tuniques noires, leurs ceintures d’airain, leurs bras nus, leurs couronnes verdoyantes et leurs harpes d’or. Hêna marchait la première de ses sœurs ; son regard et son sourire cherchèrent son père, sa mère et les siens… Joel, Margarid et leur famille s’étaient placés sur le premier rang ; ils rencontrèrent les yeux de leur fille….. leurs cœurs allèrent vers elle.

Les druides se rangèrent autour des pierres du sacrifice. Les bardes cessèrent leurs chants… Un des ewaghs dit alors à la foule que ceux-là qui voulaient se rappeler à la mémoire des personnes qu’ils avaient aimées et qui n’étaient plus ici, pouvaient déposer leurs lettres et leurs offrandes sur les bûchers.

Alors beaucoup de parents et d’amis de ceux qui depuis longtemps voyageaient ailleurs, s’approchèrent pieusement des bûchers ; ils y déposèrent des lettres, des fleurs et d’autres souvenirs, qui devaient revivre dans les autres mondes, de même que les âmes dont les corps allaient se dissoudre en une flamme brillante allaient revêtir ailleurs une nouvelle enveloppe.

Mais personne… personne… ne déposa rien sur le bûcher du meurtrier… Autant Julyan était fier et souriant, autant Daoülas était gémissant, épouvanté. Julyan avait tout à espérer de la continuité d’une vie toujours pure et juste… Le meurtrier avait tout à redouter de la continuité d’une vie souillée par un crime… Lorsque les missions pour les défunts furent déposées, il se fit un grand silence.

Les ewaghs conduisant Daoülas, chargé de chaînes, l’amenèrent auprès de la cage d’osier, représentant une figure humaine d’une taille gigantesque. Malgré les cris d’effroi du condamné, les ewaghs le placèrent garrotté au pied du bûcher, et se tinrent auprès la torche à la main.

Alors Talyessin, le plus ancien des druides, vieillard à longue barbe