ger dans leur lit ; et après y avoir placé l’écuelle de soupe au lait, il la mit devant le vieillard.
— Il n’y a que toi, mon enfant, pour avoir des attentions pareilles, dit-il au jeune homme.
— Ce serait bien le diable, grand-père, si en ma qualité de menuisier-ébéniste, je ne vous avais pas fabriqué cette table qui vous est commode.
— Oh ! tu as réponse à tout… je le sais bien, — dit le vieillard.
Et il commença de manger d’une main si vacillante que deux ou trois fois sa cuiller se heurta contre ses dents.
— Ah ! mon pauvre enfant, — dit-il tristement à son petit-fils… — vois donc comme mes mains tremblent ? il me semble que cela augmente tous les jours.
— Allons donc, grand-père ! il me semble, au contraire, que cela diminue…
— Oh non, va, c’est fini… bien fini… il n’y a pas de remède à cette infirmité.
— Eh bien ! que voulez-vous ? il faut en prendre votre parti…
— C’est ce que j’aurais dû faire depuis que ça dure, et pourtant je ne peux pas m’habituer à cette idée d’être infirme et à ta charge jusqu’à la fin de mes jours.
— Grand-père… grand-père, nous allons nous fâcher.
— Pourquoi aussi ai-je été assez bête pour prendre le métier de doreur sur métaux ? Au bout de quinze ou vingt ans, et souvent plus tôt, la moitié des ouvriers deviennent de vieux trembleurs comme moi ; mais comme moi ils n’ont pas un petit-fils qui les gâte…
— Grand-père !
— Oui, tu me gâtes, je te le répète… tu me gâtes…
— C’est comme ça ! eh bien, je vas joliment vous rendre la monnaie de votre pièce, c’est mon seul moyen d’éteindre votre feu, comme nous disait la théorie au régiment. Or donc, moi je connais un excel-